E.P.
Sud Ouest. 27 mars 2003
L´ÂME DE LA PELOTE
Grâce à un intelligent partenariat entre la ville de Bayonne et la banque Kutxa, le Musée basque peut exposer, après celles de Zigor, les ceuvres du sculpteur Anton Mendizabal qui est aussi professeur et poète. Né à Saint-Sébastien il vit aujourd'hui à Oiartzun, en Guipuzcoa. Sous le titre de « Pilotaz », ce sont 29 sculptures de bois et de metal. toutes inspirées par la pelote — dont Mendizabal pratique plusieurs disciplines — qui sont présentées au rez-de-chaussée du musée.
Dans la première salle ont été rassemblées des ceuvres en bois évoquant, de facón stylisée, frontons place libre, murs à gauche. trinquets, et d'autres les divers Instruments de la pelote. Dans la seconde salle, à droite de l'entrée, d'étonnantes sculptures en fer noir dessinent le mouvement rapide et élégant du pelotari, saisi dans l'instant. élancé ou couché au sol. L'exposition se prolonge jusque sous le bel escalier du musée avec lequel l'une des sculptures de Mendizabal entame un étrange dialogue.
Comme un autel.
« Le frontón, le joueur de pelote et l'instrument de jeu sont étudiés selon trois points de vue, remarque Olivier Ribeton, conservateur du Musée basque. Le premier reflète une stylisation claire de l'espace, Le frontón se présente comme un autel, comme s'il s'agissait d'un ouvrage religieux. Le pelotari se dresse comme un totem en attente. Les outils sont répresentés comme l'étaient les instruments de travail des défunts sur nos anciennes stèles funéraires. Le deuxième point de vue cherche à capter d'un seul coup d'oeil ce qui survient en un instant tres bref. Mendizabal a voulu appréhender l'ombre du joueur, le reflet de ses mouvements rapides, le jeu fugace, le mouvement insaisissable des instruments. Le troisième veut appréhender l'âme de la pelote basque dans sa pureté et sa simplicité, à la limite de l'abstraction. en utilisant la pierre et le bois avec austérité.»
Le vrai berceau.
L'exposition "Pilotaz " a été inaugurée lundi en prèsence de Jean Grenet, député-maire de Bayonne, de son adjoint à la culture Bernard Massé, de Xavier Alkorta Andonegi, directeur general de Kutxa, de Dominique Boutineau, président de la fédération internationale de pelote basque et du consul d'Espagne. Dans son allocution, Anton Mendizabal s'est felicité que cette exposition, réalisée à la demande de la fondation Kutxa, fruit de dix années de recherches, puisse trouver place á Bayonne aprés Saint-Sébastien. D'autant que le Musée basque est un lieu qui lui est cher. Quand il était enfant, en pleine période franquiste, il y venait souvent avec ses parents:« C'était un espace de liberté...»
L'artiste n'a pas caché non plus que pour lui, le Pays Basque de France était le vrai berceau de la pelote. «Tous les frontons, les trinquets d'Iparralde m'ont aidé à réaliser cette exposition. C'est ici que j'en ai conçu l'esprit...»